Contestation de paternité : dans quels cas est-ce possible ? Comprendre les règles du lien de filiation
- Embrase Agence
- il y a 6 jours
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La contestation de paternité soulève des questions humaines et juridiques sensibles. Lorsqu’un lien de filiation est établi à l’égard d’un père mais qu’il ne reflète pas la réalité biologique, il peut être nécessaire de le contester.
Cet article explique dans quels cas une paternité peut être contestée, quelles démarches entreprendre, quels délais respecter et comment se déroule une action en contestation devant le tribunal.
Le sujet mérite une attention particulière, car le lien de filiation conditionne l’état civil, l’autorité parentale, les droits de l’enfant et la sécurité juridique de la famille.
Comprendre la contestation de paternité : de quoi parle-t-on exactement ?
La contestation de paternité est une action en justice qui vise à remettre en cause une filiation paternelle lorsque celle-ci ne correspond pas à la réalité. Dans le droit français, le code civil encadre strictement les conditions permettant de contester un lien de filiation déjà établi. Il s’agit d’un mécanisme essentiel pour garantir que l’état civil reflète la vérité familiale, tout en protégeant l’enfant et l’ordre public juridique.
La possibilité de contester dépend de la manière dont la filiation a été établie : par présomption de paternité, par reconnaissance, par possession d’état ou par décision judiciaire. On distingue donc plusieurs situations dans lesquelles la contestation peut être engagée, chacune répondant à des règles précises.
L’objectif de la loi est double : permettre à celui qui n’est pas le père biologique d’obtenir la correction d’une filiation erronée, et assurer la stabilité de la famille lorsque la filiation légalement établie protège l’intérêt de l’enfant.
Dans quels cas peut-on engager une action en contestation de paternité ?
L’action en contestation de paternité peut être engagée lorsque la filiation établie ne correspond pas à la réalité biologique ou que les conditions légales de l’établissement n’ont pas été respectées. Ainsi, elle peut être contestée en rapportant la preuve qu’elle est fausse ou irrégulière.
Plusieurs hypothèses existent : la présomption de paternité d’un mari qui n’est pas le père, la reconnaissance effectuée par un auteur de la reconnaissance n’est pas le père, ou encore une filiation construite par la possession d’état alors que cette possession d’état a cessé ou repose sur une fraude à la loi.
Dans toutes ces situations, le justiciable doit engager une action en justice pour démontrer que la filiation ne reflète pas la vérité ou qu’elle a été établie irrégulièrement. La procédure se déroule devant le tribunal judiciaire, avec représentation par un avocat.
La présomption de paternité : peut-on la contester ?
Le code civil prévoit que le mari de la mère est présumé être le père de l’enfant. Cependant, il est possible de contester sa paternité en démontrant que le mariage n’a pas créé de lien de filiation réel. La contestation est notamment possible si l’enfant est né hors période de conception présumée ou si le mari apporte la preuve que le mari n’est pas le père biologique.
Dans ce cadre, l’action en contestation de filiation doit être introduite dans un délai de 10 ans, souvent compté à compter de la naissance ou de la découverte d’éléments démontrant l’absence de filiation. Le juge peut ordonner toutes mesures utiles, y compris une expertise biologique, afin d’établir la vérité et de déterminer si la filiation est une action fondée ou non.
Contester une reconnaissance de paternité : dans quelles conditions ?

La reconnaissance est un acte par lequel une personne déclare être le père ou la mère d’un enfant. Cet acte de naissance ou acte de notoriété s’impose tant qu’il n’est pas contesté. Toutefois, la reconnaissance peut être contestée en rapportant la preuve qu’elle est mensongère, notamment si l’auteur de la reconnaissance n’est pas le père.
Lorsque la filiation est établie par la reconnaissance, la loi exige d’agir dans un délai déterminé. Ce délai est de 10 ans à compter du jour de la reconnaissance ou du moment où celui qui souhaite contester découvre que cette filiation est erronée. La contestation est recevable lorsqu’elle repose sur des indices tirés des actes eux-mêmes, sur l’absence de cohabitation, ou encore sur des éléments biologiques.
Le juge examine les circonstances exactes de la naissance ou de reconnaissance, vérifie l’intérêt de l’enfant et apprécie les preuves apportées pour déterminer si la reconnaissance n’est pas le père biologique.
La possession d’état : pourquoi contester la filiation devient plus compliqué ?
La possession d’état correspond à la réalité vécue : l’enfant est traité comme celui du parent dont la filiation est en cause, et la famille ainsi que l’entourage en ont l’apparence. Lorsqu’elle dure suffisamment longtemps, la possession d’état peut établir une filiation solide, parfois même plus forte qu’un acte de naissance.
Lorsqu’une filiation établie par la possession d’état est contestée, la loi impose un délai strict de cinq ans à compter du jour où la possession d’état a cessé. Ce mécanisme protège la stabilité familiale mais rend plus difficile la démarche de celui qui souhaite contester sa paternité ou une filiation paternelle établie par le comportement social.
Le juge appréciera la cohérence entre la vie familiale et l’état civil, vérifiant si le lien de filiation peut être encore remis en question ou s’il est devenu intangible pour assurer l’intérêt de l’enfant.
Fraude à la loi et filiation fictive : une situation particulière
Il arrive que la filiation soit construite en contournant volontairement les règles légales. Le ministère public peut alors engager une action en contestation lorsqu’il estime qu’une fraude à la loi a été commise, notamment pour obtenir un titre de séjour, des droits sociaux ou éviter des règles de nationalité.
Dans ces cas, la filiation peut être contestée devant le juge lorsqu’il apparaît que la naissance comme étant la mère ou la paternité ou maternité a été détournée de son objectif. Le juge peut annuler la filiation si elle résulte d’un stratagème et si les intérêts sont en contradiction avec ceux de l’enfant.
Quels sont les délais pour contester un lien de filiation ?
Le code civil prévoit plusieurs délais :– 10 ans à compter de la naissance ou de la reconnaissance lorsque la filiation repose sur un acte ou une présomption.– 5 ans à compter du jour où la possession d’état a cessé lorsqu’elle constitue le fondement de la filiation.– Absence de délai pour le ministère public, qui agit dans l’intérêt général.
Ces délais garantissent la stabilité de l’état civil tout en permettant d’éviter qu’une filiation erronée se perpétue indéfiniment. Il est essentiel de consulter rapidement un avocat pour ne pas dépasser les délais légaux, car une filiation légalement établie pourra devenir définitive.
Comment se déroule une action en contestation de paternité devant le tribunal judiciaire ?

L’action se fait par assignation devant le tribunal judiciaire, avec représentation par un avocat obligatoire. Le juge peut ordonner une expertise biologique, interroger les parties, analyser l’état civil et examiner les actes produits.
La procédure vise à déterminer si la filiation établie correspond à la vérité biologique et juridique. Lorsque la filiation est annulée, l’enfant redevient sans filiation paternelle ou maternelle, sauf si une nouvelle filiation est ensuite reconnue ou établie.
Le juge statue en respectant l’intérêt de l’enfant, qui reste la pierre angulaire du droit de la famille.
Quels sont les effets de l’action en contestation ?
Lorsque la filiation est annulée, elle cesse rétroactivement. L’enfant conserve toutefois certains droits, notamment ceux relatifs à la protection sociale ou aux prestations déjà versées. Les conséquences peuvent être importantes concernant l’autorité parentale, le droit de visite et d’hébergement ou la transmission du nom.
Un enfant dont la filiation est annulée peut ensuite faire établir un nouveau lien avec son véritable père, si celui-ci choisit de l’établir ou si une décision judiciaire confirme cette filiation. L’objectif reste de garantir une filiation cohérente avec la réalité et compatible avec l’intérêt supérieur de l’enfant.
Pourquoi se faire accompagner par un avocat est essentiel ?
La contestation de paternité est une démarche sensible mêlant droit, biologie et enjeux familiaux. L’avocat est indispensable pour analyser le dossier, vérifier les délais, établir la stratégie de l’action en justice et accompagner chaque étape de la procédure.
Chez Bauer & Mouton Avocats, cabinet situé à Nancy, nous défendons les intérêts de nos clients avec rigueur, humanité et engagement. Chaque situation familiale est unique, et l’accompagnement personnalisé permet de protéger l’enfant, de sécuriser la procédure et d’assurer une défense conforme aux exigences du code civil et de la jurisprudence.
Conclusion : contester une paternité, un acte juridique délicat et encadré
Contester une filiation est une démarche fondamentale lorsque la vérité biologique ou juridique n’est pas respectée. Le cadre légal, très strict, protège l'enfant tout en permettant de corriger une filiation erronée.
Chez Bauer & Mouton Avocats, nous défendons vos intérêts avec rigueur, conviction et humanité, car la justice mérite d’être exercée par ceux qui en connaissent les règles.
